Exposition-Manifeste Ah!Ah!Ah!-A3:
                            Art - Anthropophagie - Aujourd'huidebat_mouv09.html

Organisée par les peintres Gilles de Staal et Jaime Zapata du 1er au 11 novembre à la Galerie de Nesle à Paris

IL s’agit d’organiser une expo de peinture, mais pas dans le but  d’accrocher des tableaux pour attendre qu’un amateur éclairé et  propriétaire de quelques puits de pétrole arrive en disant : « Fantastico, yo compro todo ! » Le but est, modestement, de faire  descendre la peinture des galaxies extraterrestres où elle se trouve  actuellement (marché, art content-pour-rien, thématiques conceptuelles  absconses, mépris du « public profane », etc etc), pour la confronter  aux réalités non seulement des autres formes d’expressions  artistiques, mais aussi des préoccupations et des questionnements  (artistiques, culturels, sociaux, politiques…) qui traversent le  public, c'est-à-dire les mouvements de la société. En bref commencer à  secouer un peu le cocotier de l’engagement artistique dans la peinture (et pas seulement).

Le titre de l’expo,  « A3 » « A ! A ! A !» « Ah ! Ah ! Ah ! »… alias «Art – Anthropophagie – Aujourd’hui !» se réfère au Manifeste et au Mouvement Anthropophage lancé dans les années vingt et trente par Oswald de Andrade (essayiste, écrivain et dramaturge), et à la radicalisation politique et artistique contre la dictature, apparue au  Brésil dans les années 70, et qui en avait revendiqué l’héritage… En reprenant ce drapeau, nous voulons en  réactualiser la portée générale dans le contexte de crise idéologique,  culturelle, et identitaire en occident aujourd’hui. Comme vous le savez peut être, il y a eu la « Rencontre internationale d’Anthropophagie –EIA ! » de Sao Paulo l’an dernier… et la deuxième  édition est envisagée à Paris en 2008. Ce n’est donc pas un galop d’essais, mais une primo-infection…

La forme :

L’endroit est un lieu somptueux du XVIème - XVIIème siècle, la tour  de Nesle, et en même temps très spacieux qui se prête à une grande  souplesse d’utilisation.

Nous sommes peintres, nous exposons donc notre travail. Les tableaux de Jaime Zapata seront projetés dans trois secteurs de la Galerie (car son fond est actuellement en Equateur pour la rétrospective de ses 30 ans de peinture), et il présentera des dessins sur de grands panneaux de carton. Il interviendra dans l’exposition avec son  travail de « cuerpos pintados » (www.cuerpospintados.com et cliquer sur le livre de Jaime Zapata). Gilles de Staal exposera quant à lui 32 toiles, principalement de son travail récent depuis ses expositions de 1998. De plus, dans les vitrines seront exposés des dessins, études, planches, de Gilles de Staal et Jaime Zapata. Le sculpteur Yves François, le peintre Moustapha Boutadjine, Santa… contribueront aussi à l’exposition par quelques pièces inédites.

 L’idée est que, durant de ces deux fois quatre (ou 5) jours, se tiennent au milieu de l’expo, des lectures de théâtre, de poésie, des interventions de musiciens, ET QU’AU MEME TITRE, à l’intérieur de cette manifestation d’art se déroulent des interventions-débats sur des thématiques qui sont à «l’ordre du jour » des mouvements  culturels politiques et sociaux. Sans non plus saturer le temps de l’expo, ni en  faire une espèce de foire de « spectacles ». Les lectures (théâtre,  poésie) et les interventions de musiciens seront donc de l’ordre de 30 à 60 minutes maxi. Il y aura aussi une où deux projections de films durant ces  journées (« O Parto », 30mn, de Oficina, sur la révolution  portugaise, si on arrive à insérer le sous titrage d’ici là, et le film d’entretien avec Joelle Aubron, 30mn, réalisé par ses amis peu avant sa mort).

  Il y aura aussi le manger, anthropophagie oblige !.. ce ne sera pas buffet  où on continue la conversation  du bureau en  s’empiffrant de petits fours au saucisson ! La nourriture sera un acte, avec son temps qui  est celui de la communion, non au sens éthéré vaguement chrétien, mais au sens charnel anthropophage. Mme Tacco Ndongo l’assurera.. On demandera 5 Euros aux mangeurs !

 

 Au menu :

 Lectures de théâtre : « Le Procès en  révision de Jésus Christ » (huitième tableau de « L’Homme et le Cheval  » de Oswald de Andrade) avec douze personnages, organisée par le metteur en scène Pierre Etienne Heymann, qui a  notamment, avec Pablo Cueco, fait le Gargantua de Rabelais.
 Le Décameron des  Femmes de Ioulia Vosnissientskaia (une dizaine d’histoires russes de femmes,  magnifique), par La Liseuse, groupe de six comédiennes.  
 « Ajax » de Yanis Ritsos, par Luc Martin Meyer qui l’a monté cela l’an dernier au  Théâtre de l’Opprimé (deux comédiens et trois musiciens).
 Le  Manifeste Anthropophage sera affiché en grand, et lu solennellement au démarrage de chaque soirée.

 Musique : les deux auteurs-compositeurs-interprètes Tante  Hortense et Flop, qui ont sorti divers CD des « Disques bien » ont l’intention de mettre en musique les textes anthropophages  de Oswald.
Le groupe de rap La K-bine – skalpel,  aux textes inspirés des mouvements de critique sociale et politique viendra chanter à capella.
Non encore confirmé : le musicologue et compositeur  équatorien Chopin (eh oui!) pourrait participer une soirée.  Son travail est la confrontation des cultures musicales « globales ».

 Poésie : Roberto San Geroteo lira des poèmes de Vallejo et les siens. Ramiro Oviedo, poète équatorien vivant en France déclamera ses poèmes. La poétesse et chanteuse brésilienne, Beatriz Azvedo interprètera ses poèmes anthropophages "Peripatetico" et "Idade da pedra". Enfin Théophile de Giraud lira des extraits de son « Manifeste antinataliste » (éditions Le Mort qui Trompe).

 Conférences-discussions : nous voulons les organiser avec et autour de ceux  (mouvements, collectifs, où personnes) qui en portent les thèmes dans  le mouvement social, en les invitant. Le but n’est pas de faire de savantes conférences suivies d’un « débat » réduit au jeu des questions posées à la « personnalité » invitée, mais au contraire d’initier de véritables éléments de discussions sur les thématiques abordées. Il n’y aura donc qu’un seul exposé d’introduction à chaque fois, mais nous voulons qu’à chaque fois aussi il y ait dans le public suffisamment de gens impliqués sur les thèmes abordés par l’exposant, afin qu’une discussion réelle puisse s’engager. Cela suppose aussi que l’exposé ne dépasse pas certaines limites de temps (30 mn) afin que la discussion puisse librement courir.   Les thèmes déjà retenus sont : 

  -  « Art vivant contre Art contemplerien » : par Michel Lequenne. Cette conférence qu’il devait donner le 26 septembre à La Passerelle des cultures de Nogent/Marne, vient d’être interdite (!),  sous le prétexte qu’il a écrit sur son site : « Vive le Hezbollah ». Il a donc accepté avec enthousiasme de la tenir avec nous. Nous invitons artistes, critiques, et revues à participer activement au débat.

 -  « La guerre et les médias/ médias en guerre » : Henri Maler d’ACRIMED (action critique des médias) a accepté notre invitation, à l’occasion de la sortie de la 5ème édition du livre «L’opinion, ça se travaille ! », pour introduire le débat.

  – « Nouveaux cours en Amérique du  Sud : en quoi ça nous concerne ? » (Brésil, Venezuela, Bolivie, Cuba…) : Autres Brésils, qui a organisé les deux festivals de documentaires politiques et sociaux « Brésil en mouvement » (1750 participants lors du dernier en juin 2005), et prépare « Social en mouvement » à Rio en novembre (sur les mouvements sociaux en France) lancera le débat sur la base du bilan de leur travail, et au lendemain des élections au Brésil .

 -  « Identité, nationalité, citoyenneté : bons et   mauvais Français ? » Mehdi Belhajkacem  (« Une psychose française » -Gallimard 2006) introduira la discussion. Les divers mouvements engagés sur ces terrains (indigènes, Mib, Mouvement pour l’Egalité  etc…), sont évidemment invités, Bernard Dréano qui préside le CICP de la rue Voltaire s’est engagé à coordonner la soirée de ce point de vue..! de même que les amis de la librairie La Réserve de Mantes la Jolie, du Collectif 12, très actifs sur la région Flins autour de ces questions…

 -  « Guerre au « terrorisme » : état d’exception permanent. » Le débat sera introduit par le collectif NLPF pour la libération des prisonniers politiques en France (Prisonniers d’Action Directe et Georges Abdallah). Nous comptons que divers amis et personnalités engagés sur les questions des législations et politiques d’exception « anti-terroristes » mises en œuvre depuis notamment le 11 septembre seront également présents dans le débat.

  - « Les revues en question » : Autour de Drôle d’époque, et de Lignes (actuellement menacé dans son existence) qui ont accepté d’en prendre la charge, débat avec les diverses revues « critiques »  (Hermaphrodite, Artension, Cassandre, Vacarme, Revue d’Etudes Palestieniennes… etc) sur leur rôle dans le débat artistique, intellectuel, culturel, politique.

 

Dans les vitrines, outre les dessins et œuvres de J. Zapata et G. de Staal,  seront présentées, les œuvres de Joelle Aubron réalisées en prison, les collages de Santa, ainsi qu’une exposition sur la Rencontre Internationale d’Anthropophagie (EIA !) de Sao Paulo en 2005. Nous offrons aux invités intervenants, aux revues, éditeurs et collectifs intéressés d’y exposer leur travail .

Le peuple brésilien, à travers la chanteuse et poétesse Beatriz Azevedo, commissaire de l’EIA ! de Sao Paulo, envoyée officielle par le Ministère Brésilien des Affaires Etrangères, sera présent tout au long de l’exposition. Elle apportera solennellement, à l’ouverture, les objets, photos, écrits, documents, vidéos… réunis lors de la Rencontre Internationale de Sao Paulo de décembre 2005, et qui seront exposés dans les vitrines de la Galerie.   

 

Le but n’est donc pas du tout une exhibition de « performances », mais l’idée de mettre en acte une discussion des possibilités de  mouvement artistique. Et il ne s’agit pas pour les participants de venir juste pour «faire leur tour », mais de participer, en amenant aussi leur public, afin de les mêler.

 

  Voici le plan de route de ce projet… il reste des possibilités de jeu… des espaces à y occuper ou à laisser vacants pour la seule exposition…

 

                                                                                                                                                                    Paris - Quito le 20 septembre 2006

                                                                                                                                                                           Gilles de Staal et Jaime Zapata